L’entreprise apprenante constitue un mode d’organisation favorable à l’introduction d’une diversité des talents. Si l’intégration de profils différents au sein de l’entreprise ne peut être un succès qu’à condition de s’y préparer selon une approche globale, de nombreux effets positifs en découlent, tant en termes d’impact social que de performance pour l’entreprise
S’il est loin d’être nouveau, le concept « d’entreprise apprenante » a fait l’objet d’un vif regain d’intérêt ces dernières années. Dans un environnement économique en mutation permanente, la capacité des entreprises à innover, attirer les talents dont elles ont besoin et s’adapter continuellement est devenu un enjeu de compétitivité majeur.
L’entreprise apprenante, qui s’entend d’une organisation capable de créer, d’acquérir et de transmettre des connaissances et de modifier son comportement pour refléter les nouvelles tendances et connaissances, constitue dans ce contexte une voie à privilégier pour répondre aux nouveaux défis auxquels font face les entreprises.
Cette notion présente la particularité de replacer au cœur de l’organisation et de la réflexion collective le capital humain, ce qui conduit inévitablement à repenser l’organisation du travail, les pratiques de recrutement ainsi que l’apprentissage (apprendre à apprendre) au sein de l’entreprise avec pour objectif le déclenchement d’une dynamique partagée favorable à la circulation et à la transmission de l’information et du savoir.
Dès lors, l’émulation de tous les profils qui composent l’entreprise apparaît comme un levier fondamental pour se diriger vers ce modèle. La valorisation des compétences présentes dans l’entreprise et un recrutement diversifié et qui favorise la coexistence de profils variés se révèle un élément essentiel pour réunir dans l’organisation les conditions d’un partage des connaissances et des compétences. Bousculer les présupposés, questionner les représentations traditionnelles, apprendre collectivement et transmettre, accroître l’innovation et la créativité sont autant d’opportunités qu’offre l’intégration de profils différents au sein de l’entreprise.
COMMENT S’Y PRÉPARER ?
Avant tout, le fait, pour une entreprise, de s’ouvrir à la mixité des profils constitue un choix stratégique fort, une posture d’écoute et une véritable envie d’apprendre de l’autre (peu importe la place que l’autre occupe dans l’organisation) qui ne peut s’opérer et produire des effets qu’à condition d’être voulu et piloté par les instances dirigeantes (telles que le Comité de direction et le Comité exécutif).
Une telle politique de recrutement implique un profond changement de regard sur les compétences clés. En effet, il s’agit de s’affranchir du biais du diplôme par une valorisation du parcours et des expériences et des compéetences. Le processus de recrutement doit alors être pensé – ou repensé – pour évaluer réellement les aptitudes et le potentiel des futurs collaborateurs. Ce changement de paradigme permettra notamment de mettre en valeur les soft skills, lesquels vont faire partie des compétences les plus plébiscitées dans les décennies à venir selon le World Economic Forum[1].
Recruter différemment et dénicher des talents provenant d’horizons variés nécessite de mener une réflexion sur les nouveaux viviers à « exploiter ». D’une part, l’entreprise a l’opportunité de développer ses propres outils opérationnels d’évaluation des compétences afin d’axer véritablement ses exigences et critères de recrutement sur le potentiel des candidats et l’adéquation de leurs compétences au poste à pourvoir. La direction des Ressources humaines occupe à ce titre une place centrale à travers le pilotage des process de recrutement et l’identification des opportunités de sourcing. Une posture proactive et volontariste doit être adoptée, notamment pour passer outre le frein de l’auto-censure dont peuvent faire preuve certaines personnes.
D’autre part, le recrutement doit être pérennisé par une intégration dans la durée, selon une nouvelle approche centrée autour du parcours collaborateur et partagée entre la direction des Ressources humaines et les directions Métiers. Ce parcours personnalisé privilégiera la transmission des savoirs dans une logique de progression permise par la formation et l’accompagnement du collaborateur dans la réalisation de ses missions.
[1] « The future of Jobs Report » (2018), World Economic Forum
QUELS SONT LES IMPACTS SUR L’APPRENTISSAGE D’UN RECRUTEMENT QUI S’OUVRE A LA MIXITÉ DES PROFILS ?
Tenzing, qui a embrassé cette méthode depuis sa création en 2016, a pu en mesurer trois impacts majeurs.
La première conséquence concerne le développement d’une forte culture d’entreprise. Le fait pour l’ensemble des collaborateurs de prendre part à une initiative innovante suscite une forme de fierté et d’adhésion aux projets et objectifs de l’entreprise. Cela favorise l’émergence d’un esprit d’entraide et de solidarité propice aux interactions et à la transmission du savoir entre les collaborateurs.
La deuxième conséquence a trait à l’émergence d’un cadre d’engagement au sein de l’entreprise, qui touche l’ensemble des collaborateurs, qu’il s’agisse des profils « nouveaux » ou plus « classiques » ; les collaborateurs s’engagent davantage dans le mentorat et des projets associatifs en lien avec l’objet social. L’alignement de chacun sur les objectifs et le projet d’entreprise ainsi qu’un haut niveau d’engagement constituent des caractéristiques essentielles de l’entreprise apprenante. En effet, ces éléments favorisent l’acquisition de compétences de façon partagée, collaborative et empirique : ils sont indispensables pour qu’une organisation soit réactive et ouverte sur son écosystème.
Troisièmement et enfin, cette méthode accroît significativement la confiance en eux des collaborateurs. La mixité sociale et culturelle associée à un accompagnement de nature à permettre une montée en compétences de chacun engendre un sentiment de légitimité et de confiance professionnelles. Cela contribue à développer considérablement l’employabilité des collaborateurs et surtout à décupler l’efficacité du groupe.
Il est entendu que cette approche bouscule l’organisation au niveau de son organisation, la hiérarchie et plus globalement sur sa culture managériale (libérer la parole, posture d’écoute active notamment).
L’ENTREPRISE APPRENANTE, UNE ORGANISATION FAVORABLE A LA PERFORMANCE ET L’INTELLIGENCE COLLECTIVES
Par la souplesse, l’agilité et l’interactivité qu’elle suppose et les mécanismes sur lesquels se fondent le cœur de son fonctionnement, l’entreprise apprenante crée un environnement et des conditions propices à la performance collective et l’innovation. Ces dernières années, les études relatives à l’intelligence collective des groupes se sont multipliées. Emile Servan-Schreiber a notamment montré que plus les organisations et groupes de travail sont composés de personnes qui pensent différemment, plus l’efficacité et l’intelligence du groupe augmente.
AUTREMENT DIT : SE MÉLANGER NOUS REND PLUS INTELLIGENTS !