Le mercredi 20 novembre 2024 se tenait Giverny de la Gouvernance, organisé par le Cercle de Giverny et Chapter Zero France à la Maison de la Chimie. Pouvoirs publics, dirigeants d’entreprises, administrateurs et investisseurs étaient présents pour échanger et débattre sur le thème de la réinvention.
Notre président fondateur, Eric Delannoy, s’est exprimé sur la transformation des modèles d’entreprises aux côtés de Carole Brozyna, directrice du développement durable de Bridgepoint, Arnaud Lajoinie, directeur circularité et climat de LVMH et Pierre-Etienne Roinat, président-cofondateur de Recommerce lors d’une table ronde animé par Marion Darrieutort.
Les entreprises font face à de nombreuses injonctions paradoxales lorsqu’elles décident de transformer leur modèle d’affaires. Si nos clients sont au départ conscients qu’il est crucial de faire évoluer leurs pratiques pour limiter la crise du climat ou encore réduire les fractures sociales, ils sont également réticents à l’idée de bousculer des équilibres qui fonctionnent,’explique notre président.
En effet, adapter son modèle aux problématiques environnementales engendre des problématiques de retour sur investissement de manière immédiate: à court terme, ces derniers sont en grande partie négatifs pour l’entreprise et positifs pour la planète et la société dans son ensemble. Pour anticiper puis accepter de prendre ces risques il est nécessaire pour les dirigeants d’entreprise d’identifier leurs opportunités et les bénéfices qu’ils y trouveront.
C’est là que la CSRD rentre en jeu. La directive européenne donne des cadres de références universels qui nous permettent de faire émerger des données pour qualifier les impacts des entreprises. Ces rapports sont bien plus que le résultat d’une démarche à visée réglementaire, ils ont le potentiel d’être un outil puissant pour identifier les zones au sein desquelles il est possible d’avoir le plus d’impact et ce à un moindre coût. Le cadre fourni par la CSRD constitue en soi une opportunité pour identifier là où l’action sera la plus bénéfique au moindre risque.
Angeles Garcia Poveda Présidente du conseil d’administration de Legrand nous le rappelle : “Le conseil est un équilibre parfois délicat entre soutien et challenge. Il faut soutenir les entreprises lorsqu’elles sont en difficulté et les bousculer lorsque ça va mieux.”
Eric pointe trois aspects clé nécessaires pour réussir une transformation mais qui ne dépendent pas des entreprises elles-mêmes :
- Qui dit transformation, dit évolution des compétences. Par exemple, il manque aujourd’hui 300 000 personnes dans 10 ans à venir pour satisfaire les nouveaux métiers de la filière énergétique ! La mutation des compétences internes n’y suffira pas.
- Une transformation est réussie si elle mobilise tout son écosystème : l’ensemble de ses équipes bien sûr, les organismes de formation évidemment, mais aussi les achats responsables qui doivent jouer le jeu de la qualité sur le prix, et l’Etat qui doit adapter les lois, règlements et la fiscalitépour pérenniser et rendre attractives ces évolutions.
- Et l’actionnariat dans tout ça ? Pour que l’entreprise se transforme,les actionnaires doivent accepter que les projets ne seront rentables que sur le long-terme, et donc au détriment de leur rentabilité actionnariale à court terme. Pour faire face à cet obstacle il est indispensable de réorganiser le partage de la valeur pour accepter de gagner moins pour gagner plus longtemps.
“Il faut faire en sorte que cette répartition de la valeur devienne la mère des batailles pour la transformation.” – Eric Delannoy
Le dividende sociétal mis en place par Tenzing il y a sept ans constitue une de ces mesures qui réduisent la rentabilité actionnariale mais permet de faire financer des projets d’intérêt général en adéquation avec notre raison d’être et notre mission. Ici, pas de transformation du modèle d’affaire mais une illustration que la puissance économique peut et doit se mettre au service d’un futur désirable. Malheureusement, au-delà même de leur transformation, les grandes entreprises capitalistes qui en auraient les moyens, sont encore réticentes à le mettre en œuvre. Il est symptomatiques que les seules à avoir sauter le pas sont des entreprises mutualistes qui n’ont pas d’actionnaire à rémunérer….