Le libéralisme des années 1980 et suivantes ont fait émerger des principes de gestion d’entreprise qui, tous, vont dans le sens d’une captation par les détenteurs du capital de la valeur créée et donc de sa répartition inégalitaire. Pourtant, très tôt, le législateur a favorisé l’émergence d’une large gamme de mécanismes de redistribution de la valeur via différentes formules d’épargne salariale ou encore le développement de l’actionnariat salarié. Malgré un renforcement progressif des obligations réglementaires, ces différents outils restent très inégalement utilisés selon la taille de l’entreprise et mériteraient que les pouvoirs publics en facilitent l’appropriation.
Ils restent néanmoins dans une approche traditionnelle du partage de la valeur, avant tout fondée sur une négociation financière entre employeurs et salariés.
Compte tenu des urgences sociales et climatiques, il est temps de décloisonner l’action des différents acteurs socio-économiques pour construire des synergies à même faciliter les transitions nécessaires. Ce n’est plus le moment de penser l’entreprise comme une entité fermée sur elle-même au seul service de ses actionnaires. Au contraire, elle doit prendre sa part, plus encore qu’aujourd’hui, dans la résolution des défis sociaux et environnementaux en reclarifiant sa place dans la société au-delà de ses seules activités économiques.
Ce changement d’imaginaire du rôle de l’entreprise doit s’accompagner d’une nouvelle vision du partage de la valeur : sortir du seul arbitrage capital-travail pour l’élargir au triptyque capital-travail-écosystème.
C’est tout le sens et l’intérêt du dividende sociétal qui consiste à reverser une partie des bénéfices de l’entreprise à des causes d’intérêt général, en cohérence avec sa raison d’être.
L’article explore les caractéristiques propres à sa mise en œuvre mais aussi ses limites, faisant du dividende sociétal un outil parmi d’autres. Il aura d’autant plus d’impact qu’il sera mis en cohérence avec la stratégie d’engagement de l’entreprise et avec les régulations externes incitatives ou contraignantes.
Ainsi cet article appelle, malgré les inconvénients qu’il faut encore traiter, à une généralisation du dividende sociétal à hauteur de 10% des bénéfices pour toute entreprise qui en a la capacité financière